La guerre tous azimuts déclenchée par le pouvoir contre la Kabylie vise, en premier lieu, une région connue par son rejet atavique de la dictature militaire installée depuis 1962. Une région devenue le cœur palpitant d’une Algérie en lutte pour reconquérir sa souveraineté confisquée par une camarilla de généraux. Une région qui a toujours inscrit son combat pacifique dans une vision nationale et dans le prolongement de toutes les luttes sociales, syndicales, démocratiques menées à travers tout le pays.
LA DIABOLISATION DE LA KABYLIE
Depuis toujours, le pouvoir a cherché à présenter la Kabylie comme un vecteur intérieur d’une menace globale sur le pays. La fantasmagorie de « l’ennemi intérieur » embusqué au cœur de la nation a atteint des proportions extrêmement graves ces deux dernières années.
Pour l’alimenter, la police politique a mobilisé une armée de Dhoubabs, de journalistes-mercenaires, de députés, de ministres et toutes sortes d’agents supplétifs toujours au service de l’homme « fort » du moment. Aucun de ces aboyeurs haineux et racistes n’a jamais été inquiété par la justice « téléphonique ».
« Zéro Kabyle», «Les Zouaves », « El farchita », campagnes de dénigrement menées par des crapules racistes et kabylophobes protégés par le pouvoir, appel au crime collectif lancé depuis Londres par un voyou protégé de Nezzar, incendies criminels planifiés, la mise à mort barbare et sauvage de notre frère Djamel Bensmail.
Autant de manœuvres diaboliques et funestes qui semblent converger vers un même objectif : faire plier la Kabylie devenue le symbole de la résistance pacifique et citoyenne et de l’unité nationale.
La défiance citoyenne, désormais atavique dans cette région, a fini par gagner toutes les autres régions du pays comme peut l’attester le boycott général des différentes mascarades électorales organisées par le pouvoir mafieux depuis décembre 2019.
Le dynamisme exceptionnel et la mobilisation permanente et sans faille de la Kabylie lui ont permis de jouer un rôle primordial dans le Hirak. Lorsque les marches étaient suspendues dans le reste du pays, la Kabylie continuait d’accueillir chaque vendredi des milliers de personnes qui déferlaient de toutes les régions du pays pour maintenir intacte la flamme de la contestation pacifique. Des manifestations qui se déroulaient dans une grande fraternité et une admirable convivialité. Cette union ne semble pas du goût d’un pouvoir qui a érigé la division en mode de gestion et de domination sur le pays et sur le peuple.
Sortie de son isolement depuis le 22 février 2019, la Kabylie a été consacrée résolument par des millions d’Algériens comme capitale du Hirak.
Le pouvoir a juré de le lui faire payer.
CRIMES DE MASSE
Déclencher des incendies au même moment dans des dizaines de lieux de la Kabylie très éloignés les uns des autres, un jour de vent et de canicule ne peut être qu’un crime planifié et organisé et en aucune façon l’œuvre de quelques pyromanes égarés.
C’est une « opération » qui nécessite une planification sophistiquée et diabolique. Durant plusieurs jours, les incendies criminels ont semé l’épouvante, effaçant la différence entre le jour et la nuit, la vie et la mort. Ils ont coûté la vie à des dizaines de vies humaines et ravagé maisons, champs, arbres centenaires, forêts et animaux.
Il ne fait aucun doute que les incendies souvent déclenchés tout près des villages visaient à provoquer le plus grand nombre de morts. On sait malheureusement vers quoi cette opération criminelle a conduit.
Des dizaines de parents qui ne reverront plus leurs enfants et leurs bébés brûlés vifs, des enfants qui grandiront sans la sécurité affective et l’amour protecteur de leurs parents, des membres de la même famille séparés pour toujours, des dizaines de blessés marqués à jamais dans leur chair, des milliers de personnes qui vont vivre avec des troubles post-traumatiques difficilement surmontables.
ECHEC DU PLAN MACHIAVELIQUE DU POUVOIR : LA GUERRE ARABES/KABYLES N’AURA PAS LIEU !
Que veulent ces monstres ? Nous exterminer ? Nous pousser à la Fitna, à faire basculer le pays dans une guerre fratricide ? Une guerre de tous contre tous ?
Une guerre qui permettrait au pouvoir d’apparaître comme le «sauveur de l’unité nationale » et de rejouer ainsi le scénario de la décennie noire lorsque les généraux se présentaient aux yeux du monde comme les « sauveurs de la République ».
Nous leur disons qu’ils ont déjà échoué comme le montre ce formidable élan de solidarité nationale envers la Kabylie, affluant sans interruption de toutes les régions du pays. Ils ont échoué grâce à la lucidité, au courage et à la sagesse du père de Djamel Bensmail, aux nombreuses initiatives citoyennes d’apaisement et à la vigilance patriotique des Algériens décidés de reprendre leur destin en main en restant unis et pacifiques.
Depuis le 22 février 2019, les Algériens ont appris à se parler, à s’accepter dans leurs différences et, main dans la main, ils se sont jurés fidélité pour reconquérir ensemble une deuxième indépendance.
Le peuple algérien a gardé dans ses entrailles la sagesse et le bon sens qui lui permettront de déjouer les complots diaboliques concoctés dans les cercles occultes.
Nous n’oublierons pas les victimes des incendies criminels en Kabylie et ailleurs.
Nous n’oublierons pas Djamel Bensmail.
Nous n’oublierons pas les dizaines de blessés marqués à jamais dans leur chair.
Nous pensons aux familles de toutes les victimes.
Nous pensons à tous ces héros venus de différentes régions du pays, morts en martyrs en essayant de sauver la vie de leurs frères et sœurs kabyles.
Parceque nous n’avons aucune confiance dans la justice « téléphonique », nous exigeons une commission d’enquête indépendante du pouvoir.
Nous exigeons vérité et justice pour toutes les victimes des incendies criminels !
Que leurs âmes reposent en paix.
Par Abbes Hamadene
