mardi, octobre 3, 2023
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Alger

Tout est bon dans le mouton !

Le régime qui mène l’Algérie droit au mur n’est pas que mafiocrate. Plus que de piller le pays, de le dévaster, de le saccager, d’en opprimer les citoyens, de leur dénier le droit à la démocratie, à la dignité. Et en plus de les incarcérer, de les meurtrir, de les broyer, de les tuer, de ne leur laisser de choix que celui de s’exiler, il pousse le mépris et l’outrecuidance jusqu’à les rameuter, quand il est attaqué parses propres protecteurs occidentaux. Il les rameute, et il leur enjoint de lui bêler leur inconditionnel soutien, contrel’ennemi de l’extérieur, contre le colon d’hier, chez qui il blanchit néanmoins l’argent de la rapine, qu’il planque dans le même pays, où il a installé ses pénates. Tout est bon dans le mouton !

Nul besoin d’être un fin initié pour savoir que la situation en Algérie est réellement gravissime. Aucun secteur de la vie publique, aucune institution, ni aucun mécanisme de l’Etatn’a été épargné par l’action mortifère d’un régime foncièrement destructeur, et qui a systématiquement sapé les fondements mêmes de la nation, jusqu’à ses équilibres les plus vitaux.

Mais le plus alarmant, y compris pour la survie de ce système lui-même, est que cette situation ne peut plus durer. Elle est arrivée à son point de rupture, et elle ne peut logiquement que s’aggraver. Parce que les facteurs en place, tous les facteurs en place, ne peuvent que la compliquer, l’exacerber, puisque rien ni aucune autre donnée ne peut empêcher l’inéluctable processus, ni même le retarder. 

Oui, tout ce qui touche à la vie publique, voire même à la vie tout court, à la santé publique, à la famille, à l’éducation, à la sécurité, à l’économie d’une façon générale, à la politiqued’une façon générale, et à tout ce qui relève de la cité, du vivre-ensemble, est sinistré, en perdition, à la limite de l’effondrement. 

Plus qu’une faillite, la situation en Algérie a dégénéré en logique d’autodestruction, en suicide collectif, en policide. 

Devant une telle dévastation, des questions se posent. 

La première est pourquoi la société algérienne ne réagit-elle pas à un tel désastre ? Est-ce parce que la propagande du régime l’a anesthésiée au point où elle ne peut même plus évaluer la gravité de la situation, au point où elle n’en ressent plus l’imminence du sinistre ?

Est-ce parce qu’elle est terrorisée par la répression et les intimidations ?

Ou bien alors est-ce parce que le conditionnement des foules, la manipulation et la corruption de masse ont plombéla conscience politique jusqu’à en éradiquer toute velléité de sursaut collectif, comme cela a été le cas en février 2019 ?

Mais le plus grave n’est pas seulement d’imputer cette démission collective à la seule société. Le plus grave est que les maîtres du jeu, ceux-là qui disposent de tous les leviers pour agiter, orienter où endormir les masses, sont eux-mêmes dans un refus obstiné de comprendre qu’ils sont embarqués dans le même Titanic, pour un même naufrage.

Et la question se pose, sur tant et tant de dysfonctionnements, érigés en règles de gouvernance, dont l’effet sur la vie publique est comme autant de plis, où niche la corruption, la bureaucratie, le favoritisme, et tant et tant de fléaux.

Et la question se pose sur les irrésistibles penchants de ce régime, à se chercher désespérément des échappatoires, et des exutoires, pour évacuer les crises, un peu comme quand on met la poussière sous le tapis.

Et la question se pose de savoir s’il n’y a pas au sein de ce système des décideurs responsables, lucides, aptes à comprendre qu’ils n’ont plus le choix, et que le moment est venu, y compris, et surtout pour le régime lui-même, de restituer le pouvoir au peuple, de mettre en place les mécanismes adéquats pour permettre l’émergence d’une vraie élite, de vrais représentants du peuple, et d’assurer une transition qui puisse permettre un sauvetage de ce qui peut encore l’être, à plus forte raison que le sinistre est tel, qu’il faudra une longue période d’efforts, de dévouement, de sacrifices, d’austérité, pour relever ce pays de sa ruine. 

Oui, le moment est venu pour ces décideurs des premiers cercles, de se dire, oui, c’est nous qui avons fait en sorte que cette société ne puisse briser la chape de plomb qui pèse sur elle, oui c’est nous qui l’avons maillée, qui l’avons encadrée, qui l’avons incarcérée, pour qu’elle ne puisse pas faire émerger de son sein des représentants intègres et conscients des enjeux. Oui, c’est nous qui avons fait de sorte que la contestation contre nous ne puisse jamais s’organiser, oui c’est nous qui avons truffé le champ politique d’une pléthore de relais en tout genre, dont la vocation réelle est d’enfumer les Algériens, de leur faire croire à une vie politique qui n’existe que dans le discours. Oui c’est nous qui remplissons le vide politique par des élections qui ne servent à rien d’autre qu’à légitimer par la fraude ce qui n’est que tromperie et perte de temps.

Et la question se pose aussi, sur cette pléthore de partis politiques, qui ont fait la preuve de leur inutilité, voire de leur nuisance, puisqu’ils ne servent qu’à cautionner, bien souvent cette fuite en avant d’un régime qui croit pouvoir remplir le vide par des élections qui ne servent à rien d’autre qu’à étoffer les façades Potemkine.

Les réponses existent pourtant, pour quiconque en veut. Et la première parmi elles réside dans le régime lui-même, ou plutôt dans les véritables grands serviteurs qui en font partie, et qui doivent se ressaisir maintenant, parce qu’ils n’ont plus le choix. Il y va de la vie ou de la mort de leur nation. Parce que l’Algérie est leur nation aussi, celle de leurs parents, celle de leurs enfants. Il est encore temps, pour les bonnes volontés, pour tous les citoyens responsables, y compris et surtout pour tous ceux-là qui sont à la tête de ce pouvoir, d’entreprendre une vaste entreprise de salut public, de sauvetage de la nation, avant qu’il ne soit trop tard.

Par Djamaleddine Benchenouf

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1 COMMENTAIRE

  1. Force de croire que ce genre de régime tout comme le gouvernement khmer rouge qui n`a été finalement renversé en 1979 que par l’invasion des troupes vietnamiennes, après une série de violents affrontements frontaliers

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