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Alger

La subversion par le pathos

Les systèmes  mafiocrates comme celui qui a fait main basse sur l’Algérie, et qui reposent essentiellement sur un pouvoir illégitime, capté par la violence, la ruse, la corruption de la société, ont tous et systématiquement besoin de recourir à des méthodes connues, éprouvées au cours des millénaires, affinées par des siècles de pratique, et depuis ces dernières décennies, très fortement renforcées par des moyens techniques de communication qui ont atteint, en quelques années seulement, des niveaux d’efficacité et de pénétration jamais connus jusque-là, puisqu’il est possible aujourd’hui pour ces régimes de s’immiscer dans chaque foyer, pour y distiller leur propagande et le conditionnement cathodique des foules, et pire encore, puisqu’à travers les téléphones portables, il leur est loisible maintenant, de suivre à la trace le citoyen accro, et de lui bourrer le mou, quasiment tout le temps, jour et nuit, à la seule condition de disposer de suffisamment de moyens et de cyberbaltajias, pour pouvoir coloniser ce nouvel espace de conditionnement. 

Et c’est bien pour cela qu’à défaut de pouvoir faire une intrusion massive dans la vie numérique du citoyen, pour lui inséminer son poison, et le lobotomiser de toute capacité à l’éveil politique, le régime algérien a choisi temporairement de réduire la connectivité des gens. Le choix a été simple, à défaut de pouvoir coloniser l’espace numérique des Algériens, et de pouvoir envahir massivement les réseaux, au moins les empêcher de pouvoir s’y organiser, et surtout d’y organiser la résistance.  

Mais ce ne sont pas les moyens qui manquent, à ce régime, pour continuer à infecter les esprits, à les paralyser, à les abrutir, à les canaliser vers des modes de pensée livrés en kit, où résident justement les principaux mécanismes de conditionnement des foules. 

Rappelons, pour une meilleure compréhension de ce qui va suivre, que pendant le Hirak, les Algériens ont été à un cheveu de chasser le régime de leur vie. Le régime a été malheureusement sauvé par le gong de la covid. Une aubaine pour lui, qu’il a très fortement mis à profit, pour reprendre le contrôle de la situation. Il y a réussi, d’une certaine manière, puisqu’encore une fois il s’est arrogé le rôle de sauveur de la république, en jetant la issaba en prison, une issaba rappelons-le, composée de ses acolytes, de ses comparses, et de ses clients. Il a donc été sauvé in extremis, même si ce n’est évidemment que partie remise, puisque les Algériens n‘ont pas dit leur dernier mot, et puisque le temps joue contre ce régime, avec l’annonce d’une crise économique sans précédent, et qui viendra, sans l’ombre d’une doute, bouleverser tous les calculs de ce régime. Un régime qui navigue à vue, seulement préoccupé à gagner du temps, dans l’espoir, rêve-t-il, que les prix des hydrocarbures retrouvent leurs niveaux des années grasses.

Ce régime use donc de tous les moyens de communication dont il dispose, pour infecter la société algérienne, et neutraliser son cœur battant, ses forces vives. 

Mais quelles sont donc ces infections dont il se sert, pour tuer l’esprit de la résistance et déstabiliser toutes les velléités d’organisation et de structuration de la lutte ? 

Des méthodes qui ont fait leurs preuves, qu’il se contente d’adapter aux circonstances, et qui toutes procèdent à installer dans les imaginaires la lourde menace des deux ennemis qui planent au-dessus de la nation, l’ennemi intérieur, le traitre, le mercenaire, l’espion infiltré pour saper la cohésion et l’unité du peuple autour de son Etat, autour de son armée, digne héritière de l’ALN, et l’ennemi extérieur qui ne recule devant aucun moyen pour détruire la nation. 

Mais c’est là une opération d’envergure, au long cours, qui doit être alimentée au jour le jour, sans répit, même quand tout va bien. Elle consiste à se servir de tous les moyens de la communication et de la propagande de terrain, pour subvertir les esprits, les conditionner, en extirper la capacité au discernement. 

Et c’est précisément  pour obtenir un tel effet, et ne plus laisser de doute sur la réalité de ces ennemis de la nation, l’un à l’intérieur et l’autre à l’extérieur, que sont déployés tous les moyens pour disséminer au sein de la perception collective des sentiments très prégnants, et qui agissent comme des puces électroniques inséminées dans le cerveau des plus faibles, des plus manipulables, qui deviendront de facto des millions de relais, pour la diffusion de ces mêmes perceptions dans leur entourage, dans une atmosphère très délétère, et un pathos outrancier  pour parasiter la pensée, et vider les mots de leur vrai substance. 

La transmission et la propagation de cette infection massive se pratique d’une infinité de façons, mais surtout à travers quatre agents pathogènes.

Le nationalisme hérissé, la confusion, la peur, et la haine. Autant de poisons dont le seul antidote réside dans la capacité de la société au discernement.

Par Djamaleddine Benchenouf

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1 COMMENTAIRE

  1. Well done Karim brother and all the best .
    Hopefully this is another way to make our Algerian people stronger and uninted .
    you doing great job .
    Many thanks ayargaz ali

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