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Le Hirak ou le crépuscule des idoles

Les révolutions n’ont pas d’avenir, elle ne connaissent que le présent. Elles éclatent, se font puis se consument ad hoc. Si bien que l’on pourrait parler en politique du « présent révolutionnaire » un peu comme on parle en grammaire du « présent de l’indicatif ». Il y aurait donc des hommes du « présent révolutionnaire » et des hommes d’un « passé composé » dont les actions se sont déroulées et terminées dans le passé. Ceux-là ne sont nullement dangereux puisqu’ils se vivent comme des vestiges et leur vie politique n’a aucune incidence sur le présent. Hamroche par exemple est un homme posthume d’une temporalité révolue qui ne réclame en somme qu’un peu d’égards et de reconnaissance ; et, bien entendu, une pension de fonctionnaire. 

Mais il y a une toute autre catégorie d’hommes politiques posthumes dont il faut absolument se méfier et qui resurgissent actuellement comme des zombies des cauchemars de notre Histoire. Ceux-ci, pour rester dans la métaphore initiale, sont les hommes d’un passé imparfait. Leur action néfaste se prolonge dans le passé et étend ses ramifications obscures jusqu’au Hirak. La fraîcheur de la jeune révolution pacifique les attire et attise leur convoitise, eux qui ont tout échoué et qui ont été les acteurs du malheur algérien se présentent aujourd’hui comme des apôtres de la démocratie et de la bonne gouvernance. Sous leurs habits de moines se cachent les pires créatures politiques que l’Algérie ait connues. La rupture avec ces zombies politiques est aussi vitale et nécessaire pour la préservation de la Révolution Pacifique que la rupture avec le Système. 

Par sa longévité et sa constance, le Hirak a démontré sa formidable capacité à s’extirper par le haut du bourbier mortifère des luttes idéologiques. C’est que la motivation ardente des Hirakistes à l’intérieur comme à l’extérieur du pays n’est pas l’apanage d’un quelconque parti ou mouvement et encore moins de quelques idoles politiques ; elle est l’émanation d’un noble sentiment patriotique d’un peuple en marche vers la liberté. Le Hirak, en effet, est un phénomène culturel qui traduit l’éveil de l’inconscient collectif du peuple algérien. Lentement mais sûrement, le Hirak travaille la société en profondeur et façonne les contours d’une Algérie républicaine qui célèbrera la différence et consacrera la tolérance. La République que prépare le Hirak sera celle de tous-tes les Algériens-ennes quelles que soient leurs idéologies, leurs langues, leurs religions, leurs régions ou leurs pays de naissance. Khawa-Khawa n’est pas seulement un slogan ; c’est une valeur majeure de l’Algérie de demain. Ainsi, le Hirak a tracé la voie vers l’émergence de l’Algérie citoyenne, celle de la démocratie inclusive. 

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2 Commentaires

  1. Un texte ardent, chargé de vérités, agréable à lire qui fixe l’attention, et dénote une certitude, l’impression du moment . Des idées justes, un raisonnement clair et compréhensible à goûter, à apprécier pour sa dimension politique … Merci,mon frère pour ta lucidité !

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