La pandémie du corona virus a d’ores et déjà marqué l’histoire de l’humanité. Nous le savons tous, désormais, rien ne sera comme avant. Et cela ne sera pas forcément négatif bien que le premier acte du changement s’est fait dans la douleur. La douleur des familles affectées, des revenus perdus, des habitudes bousculées, … Le changement est toujours une épreuve. Mais les faits sont là et tôt ou tard l’Homme retrouvera l’une de ses facultés vitales : l’adaptation. Je dis bien l’Homme en général, pas tous les hommes. En effet, comme cela s’est produits à maintes reprises dans l’Histoire, certains resterons prisonniers de l’ancien monde. A ces réfractaires, l’Histoire ne réserve aucun ménagement. Il suffit de voir rétrospectivement l’impitoyable brutalité avec laquelle des civilisation entières comme la civilisation Egyptienne ou la civilisation Maya ont disparu. Au niveau des états, l’histoire récente a montré qu’une mauvaise adaptation au changement du contexte international après la fin de la guerre froide et les attaques du 11 septembre 2001 a littéralement balayé les régimes pourtant solidement établis des Saddam, Assad et Kadafi. Le monde des affaires offre également des exemples sidérants du coût fatal de la résistance au changement. L’effondrement des empires Nokia ou Kodak sont parmi les cas les plus édifiants en l’espèce. C’est à tous ces éléments et surtout au contexte international qu’il faut penser lorsqu’on parle de pérennité de l’Etat et non pas au décorum institutionnel comme certains nouveaux courtisans du Raïs essaient de nous le faire croire. Le monde est en train de changer et l’Algérie ne fera pas exception à la règle. La véritable question est comment pourrait-on réaliser le changement au niveau local pour s’adapter au changement du contexte mondial et sauvegarder, voire maximiser nos intérêts stratégiques nationaux. Car, plus que jamais, le local est passé au global dans le monde post-covid19.
D’aucuns diront que le passage du local au global ne date pas d’aujourd’hui et que la globalisation avait déjà amorcé ce mouvement. Cela est vrai, mais avec la différence qu’à présent, dans le cadre de la crise du Covid19 et le confinement imposé, c’est la décision politique même qui vient d’échapper au contrôle des nations et pas seulement les mesures économiques qui dépendaient depuis longtemps déjà d’un marché mondialisé. Le transfert de la décision politique du local au global est l’une des caractéristiques majeures de la nouvelle aire qui s’ouvre devant nous et où des notions aussi fondamentales que sensibles comme la « souveraineté nationale » seront progressivement révisées. Je dis bien révisées et non pas supprimées. Car la notion même du « territoire national » sera profondément bouleversée et dépassera sa conception géographique tridimensionnelle actuelle du territoire national, des eaux territoriales et de l’espace aérien national. Le changement affectera également la notion d’autorité qui se complexifiera davantage et s’ouvrira à des catégories de plus en plus étendues : le politique, le militaire, le religieux, le capital , le médiatique, le scientifique (écologie, médical, …), etc.
Il est clair que c’est tout le rapport au pouvoir qui changera et c’est dans ce contexte global extrêmement mouvant et incertain que l’Algérie devrait se positionner. Je ne pense pas que cette fois-ci, nous pourrions nous permettre le luxe de l’alibi du non-alignement comme ce fut le cas lors de la guerre froide. Un non-alignement qui n’en était pas vraiment un puisque nous pouvions difficilement cacher notre faiblesse pour l’union soviétique de laquelle nous avons hérité toutes les tares sans en bénéficier de la moindre qualité, notamment en matière d’industrialisation. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous soustraire au conflit mondial dont certaines batailles se jouent déjà à nos frontières (Libye, Mali), quand ce n’est pas directement sur notre sol. La parade de l’ambassadeur chinois en pleine capitale lors d’un vendredi du Hirak devrait convaincre en ce sens les plus sceptiques d’entre nous.
La neutralité ne nous sera pas permise. La Chine et les États-Unis ; et dans une moindre mesure L’Europe et la Russie sont déjà en guerre économiquement et la position stratégique de l’Algérie est trop importante d’un point de vue géopolitique pour qu’elle soit épargnée. La Chine a absolument besoin de nos matières premières pour son économie. Les États-Unis veulent à tout prix couper les sources d’approvisionnement en matières premières pour l’économie chinoise. Les Russes veulent continuer à nous vendre des armes et plus si affinités, vu qu’ils n’ont pas d’accès direct à la Méditerranée. La France n’a strictement pas d’avenir en dehors de l’Afrique. C’est au milieu de toutes ces convoitises que l’Algérie se retrouve actuellement. Voilà pourquoi nous devons changer. Car si nous ne changions pas, c’est où la balkanisation ou la vassalisation. Alors, pour éviter le pire, changeons ce qui doit être changer, à commencer par notre mode de gouvernance politique.
Bonne analyse , pour le repositionnement de l’Algérie , c’est très mal parti , la diplomatie se trouve isolée par les pays occidentaux , un ministre des affaires étrangères qui voyage uniquement en Afrique , l’ambassadeur des Etats unis n’est toujours pas en poste à Alger , depuis le départ de l’ancien ambassadeur il y a un an .